Démissionner en direct sur TikTok : l’art du quittoking

Partager sa démission en direct sur TikTok ? C’est la nouvelle tendance virale du « quittoking » qui ne laisse personne indifférent. Popularisée par la génération Z, cette pratique transforme les démissions en spectacles publics et accumule des millions de vues sur les réseaux sociaux. 

Est-ce une rébellion contre des conditions de travail toxiques ou une simple quête de visibilité ? Ce phénomène, qui prend de l’ampleur, soulève de sérieuses questions et inquiète de plus en plus les entreprises.

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C’est quoi le « quittoking » ?

Depuis quelque temps, une nouvelle tendance est apparue sur les réseaux sociaux : le « quittoking ». Une pratique de plus en plus populaire, particulièrement chez les jeunes de la génération Z, qui décident de quitter leur travail en direct sur TikTok. Sur l’application, vous pouvez voir de nombreux utilisateurs se filmer au moment où ils annoncent leur démission à leurs supérieurs ou racontent en détail comment tout s’est déroulé.

Ces vidéos font sensation sur TikTok. Elles sont devenues si populaires qu’une communauté « quittok » s’est créée autour de cette pratique. Elle accumule plusieurs millions de vues sur l’application. Certains utilisateurs profitent de cette visibilité pour devenir de véritables influenceurs. Ils se spécialisent dans les conseils professionnels ou dans la critique de certaines pratiques du monde du travail.

L’apparition de la tendance du « quittoking »

Le « quittoking » n’est pas vraiment un nouveau phénomène. Depuis le début des années 2020, on a vu apparaître sur les réseaux sociaux le « quiet quitting » et le « loud quitting ». Il s’agit simplement de différentes formes de protestation face à des conditions de travail insatisfaisantes.

Le « quiet quitting » désigne une attitude de désengagement au travail, où l’employé n’accomplit que le strict minimum requis, sans s’investir davantage. Inversement, le « loud quitting » est une forme de démission très visible, où l’employé exprime publiquement et avec force son mécontentement avant de quitter son poste.

Quant au phénomène du « quittoking », il est devenu populaire en 2021, lorsque des employés d’un McDonald’s au Royaume-Uni ont décidé de démissionner en masse. Un d’entre eux a immortalisé ce départ collectif dans une vidéo publiée sur TikTok. Celle-ci a rapidement fait le tour du monde et cumule plus de 16 millions de vues. Ce moment symbolique a montré le pouvoir des réseaux sociaux pour partager des actes de résistance au travail et a inspiré de nombreux employés à rendre publics leurs propres départs.

Quittoking : une tendance des réseaux sociaux ou une réelle forme de protestation ?

Pour de nombreux utilisateurs, le « quittoking » s’impose comme un moyen de protester contre des conditions de travail insatisfaisantes et d’inciter les autres à ne pas rester passifs face à un mauvais traitement. Parmi les vidéos les plus populaires, les utilisateurs ne se contentent pas seulement d’annoncer leur démission. Ils dénoncent en direct le mauvais traitement subi par leurs collègues ou par les clients. Certains mettent en lumière une culture d’entreprise toxique, tandis que d’autres quittent leur travail pour des raisons de burn-out.

Mais ce n’est pas le cas de tous les utilisateurs qui démissionnent. Certains le font pour accepter un autre emploi plus intéressant ou pour se lancer dans une nouvelle voie professionnelle. Ils se filment quand même lors de leur départ, mais montrent cette fois une réaction positive et compréhensive de la part des managers. Les internautes peuvent ainsi y trouver des conseils sur la manière de bien quitter son entreprise ou de maintenir un bon équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle.

Si le « quittoking » permet aux employés de s’exprimer, cette pratique n’est pas sans conséquences pour les entreprises. Entre dénonciations publiques et exposition massive sur les réseaux sociaux, quelles sont les répercussions réelles pour ces organisations face à cette tendance virale ?

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Les conséquences du « quittoking » sur les entreprises

Toutes ces tendances ne sont pas de bonnes nouvelles pour les entreprises, bien au contraire. Dans certaines vidéos, même si elles montrent uniquement l’employé en train d’annoncer sa démission, ce dernier partage parfois des informations sensibles de l’entreprise, comme les politiques internes ou des détails sur des projets confidentiels. Une telle exposition sur TikTok, où chaque vidéo peut accumuler plusieurs milliers de vues, représente un vrai risque pour la réputation des entreprises et la sécurité de leurs données.

Même d’un point de vue interne, de tels comportements contre‑productifs peuvent nuire à la performance de l’entreprise. Dans les situations de « quiet quitting », un employé qui se limite au strict minimum risque de perturber la collaboration avec ses collègues. De plus, ces situations se terminent souvent par un départ immédiat et imprévu, laissant l’entreprise avec un poste vacant pendant plusieurs mois.

Pour éviter de tels scénarios, les entreprises doivent assurer une communication efficace afin de traiter toute plainte rapidement. Il est essentiel d’agir avant que l’insatisfaction d’un employé ne monte au point d’être exprimée publiquement sur les réseaux sociaux.

Ces tendances séduisent particulièrement les employés de la génération Z, nés après 1997, qui représenteront près de 27 % des postes en 2025. Comment expliquer ces comportements ? Et en quoi sont-ils différents de ceux des générations précédentes ?

Génération Z : de nouvelles attentes du monde du travail

La génération Z, qui a grandi avec l’essor d’internet, ne se reconnaît pas dans les modèles d’entreprise traditionnels. Pour les générations précédentes, la carrière représentait un chemin vers la réussite et l’intégration sociale. Ce n’est plus le cas pour les jeunes d’aujourd’hui, qui cherchent surtout à se réaliser en dehors du cadre professionnel. Le travail passe alors au second plan lorsqu’il s’agit de développement personnel.

Cela ne signifie pas pour autant que les jeunes ne veulent pas travailler : leurs priorités sont simplement différentes. La rémunération reste l’un des principaux critères de satisfaction, mais plus de la moitié de la génération Z active (52 %) est prête à accepter un emploi plaisant, même moins bien payé. L’accent est mis sur l’autonomie, avec plus d’un jeune sur deux qui souhaite travailler selon ses propres méthodes. La flexibilité est également importante, avec une préférence pour des horaires souples et le télétravail.

Pour la génération Z, un environnement de travail sain et inclusif est indispensable. Ces jeunes apprécient moins les hiérarchies trop rigides et privilégient des structures horizontales, où chacun est traité sur un pied d’égalité. Ils attendent également un vrai respect de l’équilibre entre vie personnelle et professionnelle et sont moins disposés à accepter une culture d’entreprise trop exigeante ou toxique.

Ces nouvelles priorités illustrent le changement de mentalité chez les jeunes employés et donnent le ton pour l’avenir des entreprises. Le travail n’est plus perçu comme le seul moyen d’évoluer socialement, et la génération Z se montre peu patiente face aux injustices au travail. Cette approche, qui ne sacralise plus le travail et place le bien-être au centre, explique en grande partie la popularité croissante de pratiques comme le « quittoking ».

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Conclusion

Ainsi, le « quittoking » n’est pas qu’une simple mode virale : il reflète un changement plus profond dans la manière dont les jeunes générations perçoivent le monde du travail. Pour la génération Z, il ne s’agit plus de tolérer des conditions insatisfaisantes ou de suivre aveuglément des pratiques d’entreprise obsolètes. Leur quête de sens, de flexibilité et de respect se traduit par des actions visibles et souvent publiques, comme le montre l’essor des démissions en ligne.

Ce phénomène pousse les entreprises à repenser leurs méthodes de gestion, leur culture et la manière dont elles traitent leurs employés. Si elles ne s’adaptent pas à ces nouvelles attentes, elles risquent non seulement de perdre des talents. Elles pourraient aussi voir leur réputation fragilisée sur des plateformes largement accessibles comme TikTok.

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